Textes divers
à propos des romans
Causeries sur Merlin et Arthur
Bibliothèques Municipales de St Gildas de Rhuys (Morbihan), et de Maxent (Ile et Vilaine),
Bibliothèque Pour Tous, de Vence, et Lycée Renoir de Cagnes sur Mer,(Alpes Maritimes)
Collège de Doullens (Somme-Picardie)
Bibliothèque de St Gildas de Rhuys Classe du Collège de Doullens
Merlin Illustrations Colette Geslin Arthur
Arthur et Merlin! Ces deux personnages mythiques sont indissociables et ils restent à jamais dans la mémoire des humains, grâce au talent des romanciers qui se sont appliqués à les faire revivre pour notre plus grand bonheur au long des siècles.
De nombreuses histoires ont été réinventées sur le canevas des premières, après Chrestien de Troyes, et Geoffroy de Montmouth lui donne son ampleur, et surtout nous laisse croire et imaginer qu'Arthur n'est pas réellement mort, mais qu'il survit quelque part, dans une île étrange, cette île invisible d'Avalon, lieu de toutes les légendes autour de Merlin, où Morgane et Viviane veilleraient à jamais sur son repos éternel.
J'ai toujours vécu avec cette histoire dans un coin de ma tête, hantée comme tous les Bretons par les légendes de cette terre de vent, de landes, de petites montagnes, de forêts mystérieuses habitées par tous les héros qui y sont nés, qui se sont battus pour leur liberté et leur survie, de lacs et d'îles qui apparaissent et disparaissent dans les brumes, de villes englouties, de terres submergées.
Toujours aussi, j'ai voulu écrire mon histoire de Merlin et d'Arthur, et longtemps reculé car ces héros si fabuleux ne sont pas d'un abord facile, chargés des récits plus où moins vraisemblables qui les accompagnent.
Après avoir écrit quelques romans sur les grands personnages qui ont fait la Bretagne, je me suis enfin décidée à les faire revivre dans un contexte et un cadre qui m'est personnel, mais que j'ai essayé d'imaginer au plus près de la vérité de leur époque, enfin de celle que l'on imagine, nous, maintenant.
Arthur est un personnage qui est entré dans la légende comme chef de guerre, libérateur de la Bretagne, pourfendeur des Saxons, dans une époque troublée d'invasions répétées de tout le sud et l'est de ce qui est maintenant l'Angleterre : la terre des Angles, par des peuples qui venaient chercher des territoires nouveaux
où s'implanter. C'est pourquoi on appelle maintenant les Anglais : des Anglo-Saxons.
Les Danois, eux, s'étaient implantés dans la région d'York, qui s'appelait à l'époque le Danelaw : le pays sous loi danoise.
Mais, pour qu'il y ait ce chef de guerre, cet homme qui s'est dressé face à ces envahisseurs, il fallait qu'il y ait auparavant un homme puissant, emblématique, capable d'en imposer aux peuples et même aux rois : MERLIN.
Merlin est la grande figure de l'époque arthurienne, il représente le pouvoir, la sagese, le Savoir. C'est à la fois un être lumineux, avec le côté sombre du devin, du druide, que les hommes craignent pour ses pouvoirs et son savoir justement, car le peuple était inculte, ainsi d'ailleurs que la plupart des rois.
Ceux qui étaient instruits, les druides, guidaient les rois et les chefs. on ne faisait rien sans eux, rien sans leur avis, rien sans leur accord, et on craignait leurs malédictions si on refusait de les écouter.
C'est à cause de leur grande influence que César les a fait massacrer lorsqu'il a conquis la Gaule et en particulier le territoire des Vénètes qui vivaient sur le Golfe du Morbihan.
Les légendes ont toujours un fondement dans la réalité. Elles expriment les préoccupations, les peurs, les chagrins du peuple. Et l'Eglise, qui commençait à être toute puissante à cette époque, les faisait circuler pour effrayer le peuple, et le maintenir sous sa coupe et dans le droit chemin.
C'est ainsi que beaucoup d'histoires ont été véhiculées par delà les siècles pour faire peur du diable, de la sorcellerie, pour rendre les humains - et les femmes en particulier- coupables de toutes sortes de péchés!
La légende d'Arthur vient du plus profond de la mémoire populaire, à partir de vieux thèmes mythiques antérieurs à la christianisation des îles britanniques et à la romanisation de la Grande Bretagne.
Il faut rappeler l'époque d'Arthur!
Vers 56 avant J.C. les Romains avaient envahi la Gaule et l'île de Bretagne, (l'Armorique étant la petite Bretagne). Ils ont occupé ces territoires jusqu'à l'époque d'Arthur, ou plus vraisemblablement du roi Aurélius Ambrosius, le seul roi qui est mentionné par Gildas et par Bède, les grands chroniqueurs bretons.
Car, si Arthur avait réellement existé, Gildas et Bède en auraient parlé, et en l'an 545, au moment où Gildas relate une victoire bretonne au Mont-Badon, il ne mentionne pas Arthur qui n'apparaît que vers l'an 800!
La première mention d'Arthur date seulement du IXè siècle, dans "l'Histoire des Bretons" de Nennius, qui nomme également Myrdhin (Merlin). Les chroniqueurs médiévaux écrivaient l'histoire à partir d'un fatras de souvenirs légendaires, de mythes, de récits de folklore, et un subtil mélange de vrai et de faux.
Arthur est donc un personnage issu de l'imaginaire celtique, et il n'a pas réellement de rôle historique.
Mais, si Arthur n'est pas à proprement parler un personnage historique, il n'en est pas pour autant un personnage de fantaisie. C'est un héritier des vieilles traditions celtiques, il relève d'une mémoire, et il hérite ses traits d'une antique créature de la mythologie celtique.
Arthur est avant tout un roi mythique, chargé de tous les espoirs, de toutes les aspirations d'un peuple qui vivait à l'époque dans la peur des envahisseurs, dans la misère, la maladie, la pauvreté extrême, tout étant ravagé et décimé par les guerres incessantes des peuples bretons entre eux et contre leurs ennemis.
Le peuple avait besoin d'un héros! D'un chef brave et loyal, avec un idéal chevaleresque, pour le protéger et lui donner l'espoir d'une vie meilleure. Il ne faut pas oublier que les Bretons croyaient aux divinités multiples, aux elfes, aux êtres surnaturels...et Arthur était pour eux la représentation de tout cela.
Le nom même d'Arthur "Arth" en gallois, signifait "ours" et plusieurs chefs ont porté ce nom, que les historiens ont ensuite fondus en un seul : LE ROI ARTHUR.
Arthur est donc un personnage imaginaire créé à partir de plusieurs chefs de guerre appelés Arthur, qui ont existé entre le Vème et le VIème siècles.
Il n'était pas à proprement parler un roi, et sans doute pas non plus chrétien, mais devait plutôt osciller entre cette nouvelle religion qui gagnait partout du terrain et les anciennes croyances celtes qui se sont peu à peu fondues dans les rites chrétiens. Il ne faut surtout pas oublier qu'à l'époque les Bretons croyaient aux divinités multiples, aux elfes, aux êtres surnaturels, et chaque région révérait des dieux différents.
Cet Arthur-là était certainement un chef "barbare" qu'on qualifiait de "dux bellorum", "chef des batailles", plutôt que du titre de roi. La société de son époque n'était pas patriarcale, mais clanique, et ce n'était pas l'individu qui avait l'autorité, mais le groupe, les femmes n'ayant guère d'autre rôle que celui de la transmission de la vie. Le chef était installé avec son clan dans des forteresses et non dans des cités, entouré d'hommes qui lui étaient dévoués et liés par serment. C'est cette solidarité qui leur permettait de vivre dans un environnement brutal et anarchique auquel Arthur, le premier, essaiera de mettre de l'ordre en fédérant les clans autour de lui. C'était un chef de guerre, toujours en mouvement, qui parcourait son "royaume" avec ses cavaliers pour se battre sur tous les fronts contre Saxons, Pictes et Scots qui menaçaient le territoire breton.
Ce sont les successeurs et héritiers des Plantagenêt et de Guillaume le Conquérant qui se sont réclamés de lui dans leur généalogie pour asseoir leur puissance. Henri II Plantagenêt, vers 1180, fait "retrouver" la tombe d'Arthur et de Guenièvre dans le cimetière de Glastonbury, dont le nom signifie " île de verre"! C'est pourquoi l'on y situe souvent l'île mythique d'Avalon. Puis Edouard 1er fait transporter les corps dans une chapelle, "retrouve" lui aussi miraculeusement, la couronne d'Arthur, et enfin commande une "Table Ronde" pour son palais de Winchester, en 1290. Tout cela parce que les histoires que raconte le peuple, hostile à leur pouvoir, colportent toujours qu'Arthur n'est pas mort à Camlann, mais qu'il a été transporté dans l'île d'Avalon en attendant de revenir.
Pour asseoir l'autorité royale, il faut donc prouver, tout en se réclamant de lui, qu'Arthur est bien mort, d'où la résurgence indispensable de son tombeau et de ses restes!
Camelot et ses tours, invention d'un poète français du XIIème siècle, les chevaliers, les tournois, la Table Ronde... sont des légendes romantiques et anachroniques. Arthur et les siens devaient plutôt résider dans des forteresses de bois, des "caer" édifiés sur des points élevés du territoire, et les châteaux forts et leurs chevaliers ne sont apparus qu'au cours du Moyen Age.
Merlin, en gallois Myrdhin ou Marzin (meur-zin), devait être la représentation des bardes, prophètes, sorciers, druides de l'époque, ceux qui assistaient et conseillaient les chefs et les rois, ceux qui connaissaient les généalogies, la science des plantes, l'histoire des dieux, ceux qui avaient, aux yeux de leurs concitoyens, quelques pouvoirs mystérieux. Il lutte d'ailleurs contre l'implantation du christianisme, beaucoup moins tolérant que les vieilles religions des druides dont il est l'archétype. C'est le personnage le plus extraordinaire de la saga arthurienne.
Quant à Guenièvre, et Lancelot dont le personnage n'apparaît pas dans les textes antérieurs à Chrestien de Troyes, ils n'ont été créés que bien plus tard aussi, pour étayer l'histoire d'Arthur et lui donner une ampleur romanesque et dramatique. C'est Geoffroy de Montmouth qui donne vie au mythe arthurien, et surtout qui fait planer le doute sur la mort d'Arthur, laissant ainsi en haleine des générations qui se transmettront ses exploits. Au XIIème siècle, d'autres personnages viennent s'ajouter à celui d'Arthur, qui aurait eu plusieurs épouses et des fils, mais, de ces femmes, on n'a retenu qu'un seul nom: Guenièvre ( Gwenhwyvar " blanche image"), qui apparaît pour la première fois dans le récit Kulhwch et Olwenn vers 1100, et dans la Vitae Gildae, vers 1130. Certains textes font aussi allusion à un Medraut/Mordred, lors d'une bataille qui aurait eu lieu à Camlann, mais ils ne donnent pas de circonstances précises, ni de lieu qui reste toujours vague, et que l'on situe tantôt à Camelford en Cornouailles, tantôt à South Cadbury, un camp fortifié de l'âge du fer.
Tout en gardant certains personnages de ce grand mythe arthurien qui fait encore rêver, et inspire les romanciers et les poètes, j'ai essayé de me rapprocher peu ou prou de ce qui aurait pu exister en ces temps où l'on était en osmose avec la nature, superstitieux, brave mais crédule, lyrique et inspiré, familier de la magie et du surnaturel.
Si l'aura d'Arthur a perduré jusqu'à nos jours, c'est qu'il représente en nous la part de rêve et de bravoure, d'audace et d'ambition, de chevalerie avant l'époque, de désir de constituer une nation unie, soudée pour faire face à des envahisseurs de plus en plus agressifs et gourmands, les Saxons et les Angles, qui finiront par gagner un territoire et repousser les Bretons en Pays de Galles, en Irlande et en Ecosse.
Si l'aura d'Arthur a perduré jusqu'à nos jours, c'est qu'il représente en nous la part de rêve et de bravoure, d'audace et d'ambition, de chevalerie avant l'époque, de désir de constituer une nation unie, soudée pour faire face à des envahisseurs de plus en plus agressifs et gourmands, les Saxons et les Angles, qui finiront par gagner un territoire et repousser les Bretons en Pays de Galles, en Irlande et en Ecosse.
Invasions germaniques et scandinaves
Ce rêve de liberté a été repris plus tard par Nominoë lorsqu'il a patiemment préparé et rassemblé les Bretons d'Armorique, descendants des réfugiés de la grande Bretagne d'Outre-Manche, pour les dégager de l'emprise des rois francs, puis par ses successeurs, Erispoë son fils, Salomon son neveu, Alain Le Grand, et enfin Alain de Poher "Barbetorte", revenu d'exil pour chasser les Vikings de l'Armorique.
Les Bretons d'Arthur, eux, étaient les héritiers des Celtes et des Romains, ils formaient une communauté hybride dont l'influence, ajoutée à celle des nouveaux chrétiens, a laissé de fortes traces dans les histoires arthuriennes. Le Vè siècle était aussi celui de migrations importantes: Huns, Goths, et mercenaires germaniques, venus tout d'abord aider les Bretons à défendre leur île contre les pirates pictes et scots. Puis ils se sont peu à peu installés sur ces terres, appelant leurs congénères, pour ne plus quitter le territoire ainsi gagné, débutant des guerres interminables dont les plus grandes victoires sont attribuées à cet Arthur qui représente probablement la synthèse de plusieurs valeureux chefs de guerre de l'époque.
Pour terminer l'histoire en beauté, la ferveur populaire croit toujours que la fin d'Arthur n'en est pas une, puisqu'il fut conduit sur l'île mystérieuse d'Avalon, parfois identifiée au Tor de Glastonbury autrefois entouré de marais, et qu'il y est veillé éternellement par les elfes et les fées, en attendant un hypothétique retour.
Peu importe donc qu'Arthur ait existé d'une façon ou d'une autre, il reste le Pendragon, le champion incontestable de la bravoure, de la droiture, un guerrier indomptable et généreux, qui a sans doute été à l'origine de la Chevalerie du Moyen Age, car c'est ainsi que se réconfortent les populations dans les heures les plus sombres.
Winston Churchill n'a-t-il pas écrit : " Si son histoire n'est pas vraie...elle devrait l'être!" ?
Alors, le travail et la passion des romanciers qui, de génération en génération, écrivent toujours sur ce personnage, sont aussi importants que la légende car, en remplaçant les conteurs des veillées de jadis, ils assurent sa survie à jamais.
Les Bretons d'Arthur, eux, étaient les héritiers des Celtes et des Romains, ils formaient une communauté hybride dont l'influence, ajoutée à celle des nouveaux chrétiens, a laissé de fortes traces dans les histoires arthuriennes. Le Vè siècle était aussi celui de migrations importantes: Huns, Goths, et mercenaires germaniques, venus tout d'abord aider les Bretons à défendre leur île contre les pirates pictes et scots. Puis ils se sont peu à peu installés sur ces terres, appelant leurs congénères, pour ne plus quitter le territoire ainsi gagné, débutant des guerres interminables dont les plus grandes victoires sont attribuées à cet Arthur qui représente probablement la synthèse de plusieurs valeureux chefs de guerre de l'époque.
Pour terminer l'histoire en beauté, la ferveur populaire croit toujours que la fin d'Arthur n'en est pas une, puisqu'il fut conduit sur l'île mystérieuse d'Avalon, parfois identifiée au Tor de Glastonbury autrefois entouré de marais, et qu'il y est veillé éternellement par les elfes et les fées, en attendant un hypothétique retour.
Peu importe donc qu'Arthur ait existé d'une façon ou d'une autre, il reste le Pendragon, le champion incontestable de la bravoure, de la droiture, un guerrier indomptable et généreux, qui a sans doute été à l'origine de la Chevalerie du Moyen Age, car c'est ainsi que se réconfortent les populations dans les heures les plus sombres.
Winston Churchill n'a-t-il pas écrit : " Si son histoire n'est pas vraie...elle devrait l'être!" ?
Alors, le travail et la passion des romanciers qui, de génération en génération, écrivent toujours sur ce personnage, sont aussi importants que la légende car, en remplaçant les conteurs des veillées de jadis, ils assurent sa survie à jamais.
Tintagel, lieu mythique de la naissance d'Arthur Glastonbury, l'île de verre, lieu supposé de son tombeau
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A propos de "La Bataille des Vénètes"
Pour raconter l'histoire dramatique de ce peuple massacré par César, je suis devenue Vénète, levant des fantômes pour galoper avec les chefs Hoël et Dagolitus dans la lande et les forêts armoricaines, narguant César du haut de leurs forteresses, les évacuant quand l'approche des Romains se faisait trop pressante, et harcelant les envahisseurs jusqu'au combat final sur la mer qui aurait dû apporter la victoire et les repousser hors de l'Armorique!
Marins aguerris, les Vénètes avaient de superbes bâteaux dee chêne, citadelles imprenables que les galères romaines ne pouvaient inquiéter.
Pourquoi les dieux les abandonnèrent-ils ce jours-là?...
Le vent retomba soudain au beau milieu de la bataille navale, encalminant leurs navires et les laissant à la merci des Romains!
Druides et chefs furent massacrés, et Hoël et sa famille, avec quelques survivants, parvinrent à gagner l'île de Bretagne pour de longues années d'exil, avant de trouver refuge en pays Osismi, voisin de la contrée Vénète. Adultes, les enfants d'Hoël choisiront de retourner s'établir sur la terre de leurs ancêtres pour y élever leur descendance, et cinq siècles plus tard les descendants des exilés Vénètes reviendront à leur tour pour peupler l'Armorique désertifiée.
Ce sera l'époque des légendes, celle de Konan Mériadek, celle du roi Gradlon et de la Ville d'Ys...celle des FEUX DE BELTAINE.
A propos des "Feux de Beltaine"
Un peu d'histoire:
Bien avant le début de ce roman, il faut retracer rapidement l'origine des peuples qui ont habité l'Armorique et la Gaule.
La grande expansion des Celtes se fit entre l'an 1000 et l'an 300 avant notre ère.
Vague après vague, les hordes barbares, rameaux du grand tronc indo-européen, issu jadis des steppes de la Caspienne, déferlèrent: blonds au nord, bruns au sud, se mêlant pour former un nouveau peuple, les Celtes, que les Romains désignèrent sous le nom de GAULOIS.
Ils étaient châtain et ils se décoloraient les cheveux avec de la potasse, extraite des cendres de pin, pour paraître blonds, ou plutôt roux, selon la réussite plus ou moins grande de ces teintures primitives, et les Romains, plus tard, les moquèrent de cette particularité.
Ils avaient une abondante chevelure flottante, des moustaches terribles, portaient des pantalons vastes serrés aux chevilles, appelés " braies". Au début, ils se couvraient de peaux, puis ils apprirent à élever le mouton, à filer la laine, et s'habillèrent alors d'étoffes et de manteaux tissés, splendidement brodés.
L'art celte est le plus original des arts barbares!
Ils étaient téméraires, intelligents, vifs d'esprit comme put le constater César...mais ils manquaient aussi de sérieux, et de suite dans les idées! Futiles, versatiles, bavards, vandards, braillards et rigolards, bagarreurs aussi... Ils combattaient farouchement, mais chacun pour soi et sans discipline.
Ils aimaient l'or, les bijoux, les banquets, les orgies, ils mangeaient trop et buvaient sec... et l'ennemi pouvait ainsi venir les égorger quand ils étaient ivres-morts. Un peu infantiles. Terriblement sympathiques. Comme le dit si bien Cavanna " c'étaient nos ancêtres ces Gaulois!..."
La Gaule était alors un conglomérat d'états indépendants.
Ils s'étaient créé des dieux : Taranis, Teutatès, Bélénos...
Ils cueillaient leur gui sacré tout en se lançant dans des expéditions de brigandage, comme Le Brenn qui, en 387, avait déferlé sur Rome, massacrant et pillant, pour échouer devant le Capitole...et ses oies devenues célèbres!
Ils ravagèrent ainsi l'Europe Centrale et Orientale, la Grèce, l'Asie Mineure, et apportèrent leur contribution à la civilisation en marche.
Ils connurent l'âge du Cuivre, du Bronze, du Fer, ils élevèrent des abeilles, firent fermenter la bière appelée "cervoise", le vin et l'hydromel. Ils inventèrent le tonneau, la charrue, le collier d'attelage...
En 59 avant notre ère, ils cultivaient la terre, groupés en villages de bois.
Puis Rome, qui avait accru sa puissance, commença à dévorer les Gaules. En 58 avant J.C., Jules César mit à profit les guerres entre Gaulois pour venir " arbitrer" le conflit...et s'installer.
Les Romains pillèrent, violèrent, égorgèrent, et les Gaulois commencèrent alors à se révolter. A la fin de 54 on massacra les Légions, et César accourut.
La répression fut épouvantable, et toute la Gaule s'embrasa sous l'impulsion d'un chef, Vercingétorix ( ver: préfixe augmentatif qui veut dire Grand, et Cingétorix : le grand chef).
Mais Vercingétorix vaincu dut rendre les armes et il fut étranglé dans sa prison romaine.
Arrivée des Bretons en Armorique et en Cornouaille.
Macsen, encore appelé empereur Maximien, est venu de l'île de Bretagne "Prydain", ( la Grande Bretagne actuelle), pour occuper l'Armorique vers la fin du IV siècle.
Le chef armoricain Imbault tente en vain de résister, mais il est vaincu et décimé par l'armée de Macsen qui laisse alors l'Armorique sous la férule de Konan Mériadek.
La légende de Konan Mériadek est racontée par un auteur anonyme gallois et par le Breton Pierre le Baud: Ce Macsen serait la synthèse de quatre personnages historiques.
Macsen, en compagnie de son cousin Konan Mériadek, organise une expédition pour agrandir ses territoires, et débarque en Armorique. Les Gaulois sont battus, la péninsule occupée, et Maximien qui veut pousser plus loin ses conquêtes donne à Konan Mériadek le pays d'Armorique.
Konan bretonnise par la force, et met en valeur les terres agricoles, bâtit des forteresses et fait venir de l'île de Bretagne de nombreux compatriotes qui s'établissent dans le pays peu peuplé, créant ainsi la Bretagne armoricaine.
Gradlon, le roi d'Ys, aurait été le successeur de Konan Mériadek.
C'est à cette époque que commence l'histoire de la ville mythique d'Ys: LES FEUX DE BELTAINE.
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A propos de "La Chevauchée Nominoë"
La Bretagne d'avant Nominoë : un peu d'histoire
"La Bataille des Vénètes", un autre de mes romans, se passe en 56 avant J.C, et retrace l'anéantissement par César du peuple Vénète qui vivait autour du Golfe du Morbihan. Les rares survivants de ce massacre où périrent notamment tous les nobles et les druides, s'étaient réfugiés dans l'île de Bretagne, précisément dans ce qui est aujourd'hui Le Pays de Galles.
En deux siècles, l'Armorique redevint une région de landes désertes, de marécages et de forêts. Les Armoricains se soulevèrent à plusieurs reprises contre l'envahisseur roman et ces rébellions furent appelées des "bagaudes" du nom celtique "bagad" qui veut dire troupe ( et qui sont aujourd'hui des groupes de musique et de danse celtiques).
Puis il y eut la légende de Konan Mériadek, venu de l'île de Bretagne et qui se serait fait couronner roi. Celle, ensuite, de la ville d'Ys, du roi Gradlon et de sa fille Dahut/Ahès, que je raconte dans "Les Feux de Beltaine" et qui se situe au VIè siècle.
Enfin, arrivèrent de nombreux évangélisateurs et les sept saints fondateurs : Malo, Samson, Brieuc, Tugdual, Pol, Aurélien, Corentin et Patern.
Les terres prirent le nom des Bretons venus de différentes régions de l'île de Bretagne :
Les Dumnoni, issus du Dévon, firent la Domnonée
Un territoire occupé par des Gallois fut le Léon, en souvenir de Caer Leon, fief du roi mythique Arthur
Les Cornovi se fixèrent au sud ouest et la région s'appela la Cornouaille.
On se rassembla près d'un monastère (Lan) et cela fit une paroisse ( un plou)
On nomma un tiern pour la diriger et un machtiern pour administrer le district. L'ensemble de ces plous constituait une fédération appelée Bro
Il y en avait cinq: La Domnonée, le Léon, la Cornouraille, le Poher, et le Broérec.
Vers le milieu du Vè siècle, les Francs et Clovis entreprirent plusieurs raids pour conquérir la Bretagne, et dans un premier temps ils se rendirent maîtres de Rennes, Nantes et Vannes.
Les chefs bretons, malheureusement, ne s'entendaient pas assez pour résister aux Frances et il y eut moult batailles entre eux, dont certains furent plus audacieux et adroits que les autres:
Judikael, chef de la Domnonoée, qui de moine devint guerrier et traita avec le roi Dagobert et son conseiller Eloi, puis se retira à nouveau dans un monastère.
Waroc, qui donna son nom, Bro Waroc, au pays vannetais, qui devint ensuite le Broérec.
L'arrivée de Pépin le Bref mit fin à la relative autonomie des Bretons sur leur territoire qu'ils défendirent pourtant vaillamment, si bien que Pépin ne réussit à imposer un tribut annuel qu'à quelques petits chefs, et il constitua la Marche de Bretagne, un cordon de sécurité entre la Bretagne et les fiefs francs.
Les comtés de Rennes, de Nantes et de Vannes furent fortifiés et on y envoya les meilleurs capitaines du royaume franc, dont le fameux Roland, en 778, parent de Charlemagne ( certains textes disent aussi qu'il était son bâtard!)
Mais les Bretons rechignaient à payer et de nombreuses révoltes éclataient périodiquement, férocement réprimées par les Francs.
C'est dans ce climat que commence le roman "La Chevauchée Nominoë", au début des années 800, alors que le règne de Charlemagne s'achève, et que Nominoë a environ seize ans!
On sait peu de choses de Nominoë, qui fut pourtant un personnage important de cette époque en Bretagne. Bien qu'on dise parfois qu'il fut le premier roi breton, il n'a été en réalité que le premier duc de Bretagne, et ne s'est jamais paré du titre de roi.
On a colporté beaucoup de choses certainement fausses, ne serait-ce qu'à propos de ses origines obscures. L'Eglise de l'époque, pour certaines raisons, qui tiennent surtout au fait que Nominoë s'est opposé aux évêques Francs qui géraient les évêchés en Bretagne, afin de les remplacer par des Bretons, et parce qu'il a essayé d'élever Dol au rang de métropole, alors que, jusqu'alors, les évêques dépendaient de celle de Tours, l'Eglise, donc, a commencé à propager différentes histoires déplaisantes sur Nominoë.
La Bretagne, sous son autorité, a été paisible. Seules les dernières années de sa vie, de 845 à 851, seront sept années de guerre, et elles représentent peu finalement sur toute la durée de son pouvoir, environ trente trois ans, alors que l'on aurait tendance à croire que toute sa vie n'a été qu'une succession de combats!
N'en déplaise à certains récits grincheux et partiaux, Nominoë se montrera toujours fidèle au roi Louis le Pieux, respectueux de ses engagements envers lui, et la Bretagne, sous sa houlette, n'aura plus de démêlés avec les Francs... jusqu'à la mort du roi. C'est alors, et alors seulement, qu'il entrera en dissidence à la faveur des guerres et des combats meurtriers que se livrent entre eux les fils de Louis le Pieux pour le partage de ses territoires après sa mort, survenue en 840.
L'aîné du roi Louis le Pieux, Lothaire, sera co-empereur et règnera en Italie, Louis "le Germanique" héritera de la Bavière, Pépin, qui a hérité de l'Aquitaine, meurt en 838 avant son père, et ses terres selon repartagées entre ses trois frères restants. Enfin Charles dit "Le Chauve", le petit dernier, issu du remariage de Louis avec Judith de Bavière, héritera de l'ouest de l'empire et du titre de roi des Francs...avec la Bretagne.
La première campagne de Nominoë fut donc pour prendre le contrôle de Rennes, avec le comte Lambert, fils de l'ancien préfet de la Marche, qui était devenu son alliés depuis la bataille de Messac, et qui, lui, déferla sur le Poitou. Puis Nominoë avança ses troupes dans le Maine, et il aurait sans doute été encore plus loin si les Normands n'avaient envahi les côtes bretonnes, l'obligeant à rentrer en hâte et à les poursuivre, sans succès d'ailleurs, car il fut vaincu trois fois, et ne parvint à les refouler qu'en leur payant un tribut.
En l'an 845, Charles le Chauve ayant avancé son armée en Bretagne afin d'essayer de le mettre au pas, Nominoë l'attend à Ballon où il va le battre en se montrant grand stratège face au roi franc qui se conduit de façon lamentable et abandonne ses troupes pour fuir.
C'est là que Nominoë entre dans l'Histoire, et les Bretons l'appelleront ensuite "Tad ar vro" "Père de la Patrie", et ses soldats, qui l'idôlatrent, vont le suivre désormais partout sans jamais se plaindre, au cours des sept années de campagne.
Charles le Chauve finit par reconnaître l'autonomie de la Bretagne tandis que Nominoë s'attelle à une très lourde tâche: remettre de l'ordre en remplaçant les évêques francs par des Bretons, mauvaise posture face à l'Eglise qui ne cessera plus de le morigéner et de chercher à l'abattre.
Nominoë, pour consolider ses positions, avance alors son armée en Anjou, et Charles le Chauve, cherchant, lui, à rallier le comte Lambert, échoue car celui-ci, étonnamment, se réconcilie avec Nominoë et le rejoint à nouveau pour s'allier à lui définitivement cette fois, afin de conquérir Nantes qu'il convoite depuis longtemps.
Nominoë conduit alors son armée, grossie de celle de Lambert, faire le siège de Rennes et de Nantes, à l'été 850.
Il n'avait plus qu'une année à vivre.
Il meurt en effet en montant à cheval, sans doute d'une crise cardiaque, au grand soulagement des Francs, car il s'apprêtait à envahir Vendôme.
Louis le Pieux, fils de Charlemagne Charles Le Chauve, petit-fils de Charlemagne
Le tribut de Nominoë Statue de Nominoë à Bains-sur-Oust
A propos de "Deux meurtres pour un Royaume"
Ce
roman raconte ce qu'il est advenu de la Bretagne après la mort de
Nominoë, la succession de son fils Erispoë, assassiné par son cousin
Salomon, qui deviendra roi et sera lui-même assassiné ensuite par les
siens!
Comment raconter l'assassinat d'Erispoë dont on sait si peu de choses, ni même où il a pu se passer réellement. Comment montrer ensuite l'évolution du roi assassin, qui sera un grand roi " le plus roi de tous nos vieux rois de Bretagne", dit La Borderie dans son "Histoire de Bretagne"...jusqu'à son propre assassinat.
"Cette mort, si généreusement cherchée et si lâchement infligée, couronnant de longues années de pénitence et d'un dur repentir, après un long règne plein de gloire et de succès politiques, qui porta au plus haut point la puissance et la fortune de la Bretagne, cette mort mit au front du roi une céleste auréole. Au lendemain de sa mort, les Bretons saluèrent en lui un saint et un martyr, et son culte fleurit toujours en Bretagne " écrit encore La Borderie.
Salomon, en effet, choisira d'aller vers sa propre mort lorsqu'il découvrira que les siens, sa propre famille, son gendre, son neveu, accompagné de Gurwant, l'époux de la fille d'Erispoë, ont choisi de le livrer aux Francs afin de ne pas porter eux-mêmes la main sur lui. C'est un assassinat par personne interposée, et c'est un acte vil et une situation qui a été difficile à mener, d'autant que, chemin faisant, je me suis prise d'affection et d'intérêt pour certains de ces personnages, comme Gurwant, le comte de Rennes, dont je raconte l'amitié forte qui le liait à son beau-frère Erispoë, ses amours avec sa jeune nièce qu'il finira par épouser, la sauvant ainsi du mariage projeté par son père avec le fils de Charles le Chauve, Louis le Bègue!
Certains historiens disent d'ailleurs de lui que son personnage, si valeureux, si brave, si téméraire lorsqu'il ose défier tout seul les Vikings, aurait servi de modèle au Cid, et sa mort même reste extraordinaire de courage et de dépassement de soi-même, car il s'est fait porter en civière à la tête de son armée, pour la galvaniser, et lui faire remporter la victoire...juste avant de trépasser!
Comment raconter l'assassinat d'Erispoë dont on sait si peu de choses, ni même où il a pu se passer réellement. Comment montrer ensuite l'évolution du roi assassin, qui sera un grand roi " le plus roi de tous nos vieux rois de Bretagne", dit La Borderie dans son "Histoire de Bretagne"...jusqu'à son propre assassinat.
"Cette mort, si généreusement cherchée et si lâchement infligée, couronnant de longues années de pénitence et d'un dur repentir, après un long règne plein de gloire et de succès politiques, qui porta au plus haut point la puissance et la fortune de la Bretagne, cette mort mit au front du roi une céleste auréole. Au lendemain de sa mort, les Bretons saluèrent en lui un saint et un martyr, et son culte fleurit toujours en Bretagne " écrit encore La Borderie.
Salomon, en effet, choisira d'aller vers sa propre mort lorsqu'il découvrira que les siens, sa propre famille, son gendre, son neveu, accompagné de Gurwant, l'époux de la fille d'Erispoë, ont choisi de le livrer aux Francs afin de ne pas porter eux-mêmes la main sur lui. C'est un assassinat par personne interposée, et c'est un acte vil et une situation qui a été difficile à mener, d'autant que, chemin faisant, je me suis prise d'affection et d'intérêt pour certains de ces personnages, comme Gurwant, le comte de Rennes, dont je raconte l'amitié forte qui le liait à son beau-frère Erispoë, ses amours avec sa jeune nièce qu'il finira par épouser, la sauvant ainsi du mariage projeté par son père avec le fils de Charles le Chauve, Louis le Bègue!
Certains historiens disent d'ailleurs de lui que son personnage, si valeureux, si brave, si téméraire lorsqu'il ose défier tout seul les Vikings, aurait servi de modèle au Cid, et sa mort même reste extraordinaire de courage et de dépassement de soi-même, car il s'est fait porter en civière à la tête de son armée, pour la galvaniser, et lui faire remporter la victoire...juste avant de trépasser!
J'ai avancé pas à pas en écrivant cette histoire, écouté le personnage de Salomon, difficile, fascinant, royal, autoritaire, sarcastique, monolithique. J'ai essayé d'entrer dans sa tête et dans son coeur pour savoir ce qu'il pouvait penser, ce qu'il aurait pu dire ou faire dans telle ou telle occasion, et l'amener peu à peu au remords, puis au châtiment...
Les historiens racontent certaines choses sur l'époque, mais il faut combler les lacunes et les vides, deviner qui peut être un personnage dont on ne connaît que le nom, et il devient ainsi un caractère, un être qui vit, aime, souffre...et lorsque c'est le moment il me dicte souvent ce que je dois faire, et comment le faire.
Cependant, il ne faut pas oublier ce que dit le chercheur Alain Guerreau sur la civilisation médiévale, en affirmant qu'on ne peut pas l'appréhender au travers des documents dont on dispose. "La civilisation médiévale entre le Vème et le XVIIème siècle est une civilisation qui nous est devenue totalement et radicalement étrangère, et l'impression de comprendre un texte, une charte, parce qu'on sait un peu de latin, est une illusion esthétiquement réconfortante...car elle était tout à fait originale et complètement différente de la nôtre et de celle de l'Antiquité classique!"
Tout cela pour dire que l'on croit, en écrivant sur cette époque, approcher de près les sentiments, les réactions, les émotions des personnages qui nous intéressent...alors sans doute qu'on reste dans l'erreur et que l'on projette évidemment nos propres émotions, notre façon de voir, d'aimer, de souffrir...et surtout nos propres valeurs.